Nous déménageons et montons à la citadelle.
Le matin nous avons touché la paye, 214 piastres.
Le soir nous dormons à terre, les parachutistes n'étant pas encore partis.
Les parachutistes déménagent, aussi, nous nous installons dans une pièce que nous aménageons très bien. Le soir, le groupement arrive.
Le ravitaillement est de plus en plus défectueux. On la saute!
J'écris chez nous.
Nous crevons littéralement de faim.
Nous mangeons encore à midi à notre popote, et l'après midi nous touchons le ravito, le soir nous mangeons aux transmisions.
Ça va beaucoup mieux.
Le travail est débordant.
Depuis 2 heures de l'après midi jusqu'à 8 heures du matin sans une minute d'arrêt.
Bogaert remplacé par le chef Illet à minuit passent et reçoivent des messages.
De 7 heures du soir à 1 heure du matin je prends avec eux.
Le matin je fais le jus, puis à 9 heures, je pars avec Pernot au ravito.
Je n'ai pas d'armes, il a juste une carabine.
Nous faisons au moins 5 à 6 km. dans la montagne mais on ne trouve rien.
J'ai vacation à 11 heure, et je rentre.
Lui il part d'un autre coté tout seul. Quel dur !
Il rentre à 2 heures.
J'écris à Andrée.
Grand honneur, le lieutenant me nomme Chef de chambre!
Il fait un froid de canard.
Je suis affecté au 4ème escadron et 1er R.I.C.
Notre courrier à déjà 3 semaines de retard.
Il fait un peu plus chaud. Hier j'ai porté mon linge au blanchisseur.
J'écris à Michou.
Il fait très froid.
J'apprends la mort de Guerrisek, tué au commando. Nous étions venus ensemble d'Allemagne, ainsi que Tisserand.
Toujours aucun courrier, aujourd'hui une lettre pour le régiment.
Je vais chercher mon linge après avoir écris chez nous.
Je vais chez Jimmy, chez deux greluches, elles sont pas mal, ce sont des couturières, j'en profite pour leur donner des affaires.
Je travaille toujours de nuit.
Le matin rien d'important à signaler.
L'après midi nous allons chercher mon froc. Les deux gnacs doivent partir à Hanoï demain.
Le convoi arrive et le soir tard on nous distribue le courrier.
Quelle joie j'en reçois 8 et 4 journaux.
On crache, rien à fumer, c'est terrible!
Ce matin je vais chercher un prisonnier.
Je vais répondre à ma tapée de lettres. Je réponds chez nous et à Simone P..
Je trafique toujours avec le 1er R.I.C. Et le 4ème escadron.
Nous crevons de faim et rien à fumer.
Nous touchons enfin le ravitaillement pour 7 jours et nous avons à fumer, mais j'ai l'impression que ça ne durera pas longtemps.
Il y a un trafic formidable aujourd'hui, ça dépasse tout.
Le chef et Bogaert ont 67 T.O. À passer et 25 à recevoir.
Toute la nuit, ils travaillent et le matin ils n'ont pas encore fini.
Le groupement est parti sur Cho-Moi, le colonel Mareuge repart sur Cao-Bang.
Je touche deux culottes de brousse mais deux fois trop grandes.
Le soir grand cirque avec le 1er R.I.C. qui nous passe deux fois le même T.O.
Toute la nuit grand trafic avec le 1er R.I.C., le matin aussi avec Brest.
Je ne m'en tire pas trop mal.
Si nous n'étions pas brouillés ça irait.
Nous crevons littéralement de faim.
La nourriture ne s'améliore pas, nous buvons le café sans sucre.
Pas de courrier.
On m'avait toujours dit que les parachutistes étaient des bons gars, mais ce soir j'en ai fait l'expérience, ils servent vraiment à quelque chose.
Aujourd'hui je reçois enfin deux lettres de chez nous et un journal.
Le Lieutenant Mathieu est proposé pour la Croix de Guerre.
J'en suis soufflé.
Grand cirque au grenier. Je vais écrire à Andrée pour lui souhaiter sa fête.
Je ne suis pas bien aujourd'hui, je couve une bonne grippe. Hier j'ai écris chez nous et à Michou, je lui ai passé un savon.
Ce matin ça pète au premier radier.
Le 3ème y est engagé, on vient de ramener cinq blessés graves, dont un avec une balle dans la tête.
J'apprends la mort de Ferrer aux commandos.
En fin de matinée, le type du 3ème qui avait pris une balle dans la tête est mort.
Nous apprenons encore la mort d'un capitaine des commandos qui avait remplacé Roussel.
Je lis sur le tg : Bosson, mais ce n'est pas la bonne orthographe...
Peut être ce n'est pas lui, tant mieux.
Tonkin, Thaï Nguyen, 11 et 12 / 1947. Un groupement deparachutistes (2 bataillons, 5 détachements), part avec la mission de detruire les forces vietminh dans la région Ouest de Hanoï.
Succès partiel, malgré les pertes, le corps de bataille du vietminh n'a pas été détruit. En savoir plus : Opération ceinture
1947 est l'année où les pertes furent les plus élevées : 5345 tués et 9790 blessés. Le nombre des blessures par grenades augmenta jusqu'en 1951, mais les balles causaient plus de la moitié des blessures.
D'après la Vie du combattant, (M.Bodin).
Mardi 25 : "Je touche deux culottes de brousse mais deux fois trop grandes".
L'Indochine n'apportant pas de ressources suffisantes pour subvenir aux besoins de l'armée, depuis septembre 1947, l'Etat Major versait des primes d'alimentation aux soldats. Cependant, les achats locaux s'avèrèrent être à l'origine d'épidémies de dysenterie.
En 1948, seulement 10% de la farine et 20% des provisions étaient arrivée à bon port (Cao Bang). Les conserves étaient trop lourdes, trop chères et inadaptées au climat local (cassoulet, choucroute, etc.).
A partir de 1949, le ravitaillement en viande s'améliore avec l'arrivée des chambres froides.
La France d'après guerre, manquant de tout, dut compter sur ses alliés pour les achats de rations.
Elles étaient souvent périmées ou sabotées, inadaptées au goût françaisce qui donnait lieu à d'énormes gaspillages. De plus elles étaient trop lourdes (3kg pour les "rations pacifics").
D'après Les combattants français, M. Bodin.
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Lundi 24 : Nous touchons enfin le ravitaillement pour 7 jours et nous avons à fumer, mais j'ai l'impression que ça ne durera pas longtemps.
Le livret militaire recommande une boisson chaude le matin et déconseille de conserver sa dose de café pour une autre occasion de la journée.
Jeudi 27 : "La nourriture ne s'améliore pas, nous buvons le café sans sucre".
Lundi 24 : "Il y a un trafic formidable aujourd'hui, ça dépasse tout. 67 T.O. À passer et 25 à recevoir".
Mardi 25 : Le soir grand cirque avec le 1er R.I.C. qui nous passe deux fois le même T.O.