Haïphong

Mars 1948

Lundi 1 :

Je vais payer mon mess, j'achète du riz.

Le soir nous nous entraînons au football mais je ne peux pas continuer, ma cheville me fait terriblement mal.

Le soir je couds le colis, mais j'en bave drôlement.

Aujourd'hui, opération du 4e sur Ham-Hang (vers Cao-Bang), deux tués.

Dupuys qui était venu d'Allemagne avec nous.

Mardi 2 :

Ce matin j'envoie mon coli et un mandat de 10.200 F.

Je reçois une lettre du Canada, une de chez nous et de Monsieur Bass.

Je répond immédiatement chez nous.

Mercredi 3 :

Je reçois une lettre de chez nous qui me donne leurs pointures, aussi dès le soir, je vais acheter une paire de souliers pour Dédé, des très beaux que je paye 150 piastres, et une pour maman (magnifiques), que je fais faire sur mesure et qui coûtent 220 piastres.

Je vais les chercher demain soir, encore une bonne journée.

Je répond au Canada à Rose Aimée L..

Jeudi 4 :

Grande revue d'armes. Nous allons porter notre armement au PC.

Vendredi 5 :

Je fais le coli de Dédé et l'expédie le jour même.

Le soir je vais chercher les souliers de maman, ils sont drolement jolis, tout le monde les admire.

Ce matin, tir. Mais je tire comme une cloche.

Le soir nous allons au cinéma, André et moi.

Samedi 6 :

Pas de lettres, rien d'important à signaler.

Dimanche 7 :

Nous nous faisons chier à cent sous de l'heure.

Je fais le colis de maman, cela me passe le temps.

Le soir Stal, André, Meynier et moi allons au cinéma.

Lundi 8 :

Je porte le colis de maman à l'EHR.

mardi 9 :

Je reçois deux colis, un de Jacqueline et l'autre de André dont deux jolies pipes.

Jeudi 11 :

Je reçois les deux colis de maman. Ils sont drôlement chouettes. Rien ne manquait.

J'ai surtout à fumer.

Je lui écris aussitôt.

Quan-yen

Vendredi 12 :

Aujourd'hui, on part en opération sur Quan-yen.

Arrivés vers Luang-Yon, on se fait drôlement allumer.

Un FM prend à partie mon scout, les balles tapent - heureusement - dans le blindage et nous sifflent aux oreilles.

Une balle tape dans la poignée de la 50 qui ne veut plus tirer.

Une grenade éclate pas loin.

Nous avons une roue de crevée.

Mais l'adjudant repère le FM, et la 30 et moi avec ma Thompson, à chaque arrêt qu'il fait, on lui casse la gueule.

Cela dure trois quarts d'heure.

Je ne fais pas le craneur, le mitrailleur Ebtson (?) reçoit une balle dans le bras.

Tout d'un coup, vers 11H. les renforts arrivent et comme par miracle, les gniacs se taisent.

On va voir, à la place du FM il y a deux gniacs de bousillés dont un qui avait une rafale en pleine paillasse.

L'autre, deux balles en pleine figure. Il n'était pas jo-jo.

Chez nous deux blessés graves et six légers.

On rentre enfin à Haïphong dans les quatre heures et on se couche de bonne heure.

Encore une date à retenir.

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La "Thompson" une arme qui déprime l'adversaire

andre-robert-thompson

D'un poids de 4.875 kgs et d'une longueur de 85.57 cm, la mitraillette Thompson est une arme automatique alimentée par un chargeur droit (20 cartouches Colt-45) ou un chargeur tambour (50 cartouches).

En mitrailleuse, elle peut tirer jusqu'à 700 coups/min. Arme individuelle à courte distance, légère, de manipulation facile, précise à 135 m. Elle convient au combat rapproché en raison de sa grande densité de feu.

On peut compter sur elle en raison de sa simplicité : Elle déprime l'adversaire !


(Technique et combat, août 1946)

"On se fait allumer"

Vendredi 12 : "Vers Luang-Yon, on se fait drôlement allumer. Les balles tapent dans le blindage et nous sifflent aux oreilles...

Souliers magnifiques

chaussures-mode48

L'officiel de la mode, 1948.

Mercredi 3 : "Je vais acheter une paire de souliers pour maman (magnifiques), 220 piastres".

Immobilisme sanglant

pouss-pouss

... L’Indochine est installée dans un Moyen-Age à mitraillettes et à Piastres (...)

C'est la bonne vie et la prospérité pour tout le monde.

Les combattants se sentent des seigneurs et les hommes d'affaires nagent dans l'abondance (...) installés dans un immobilisme sanglant (...) la routine de la Piastre et du meurtre.

La guerre heureuse par Lucien Bodard, amazon.fr