Nous quittons Dinh-Lap pour Langson, dans l’après midi.
J’assure la liaison en route.
Peu avant Loc-Binh, nous crevons. Le troisième nous passe une roue. Nous rejoignons peu avant Langson.
Nous passons deux nuits dans un petit patelin. Il n’y fait vraiment pas chaud la nuit, je prends des vacations.
Le matin du bonheur nous quittons Langson et faisons 20 kilomètres et arrêtons dans un champ, nous ne sommes qu’à 4 kilomètres de la frontière de Chine.
Nous y passons la nuit.
Nous quittons Dông-Dang à 7 heures.
Auparavant il nous a fallu réveiller un bougnoule (ndlr : dans le texte) pour avoir de l’eau, pour faire le chocolat.
Nous avons très froid.
Nous commençons par croiser des villages dévastés, brulés. Nous traversons des coupures "capables" (?), de nouveau nous crevons.
Enfin nous arrivons à Rachan, là, ça commence à péter… Les 105 envoient des pruneaux. On commence par se ravitailler en poulets, canards, etc.
Les 'portés (ndlr: troupes aéroportées) ouvrent la route.
Nous quittons Rachan à 10 heure, arrivons à Thât-Khe le soir après avoir rejoint le P.C. avancé.
Là nous passons la nuit après avoir fait une rafle de poulets formidable.
Nous nous trouvons seuls pour partir. Nous attendons un convoi du 4eme escadron.
J’assure la liaison de la colonne.
Un moment, nous nous arrêtons avant Dong-Khé.
Ensuite, nous nous installons dans un champs, je prends contact avec le PC avancé, nous recevons l’ordre de continuer.
Nous roulons toute la nuit avec un convoi de plus de cent véhicules.
Dans la nuit, nous passons à Cao-Bang et arrivons vers 7 heures dans un petit carrefour à 17 kilomètres de cette ville.
Là, il y a des parachutistes qui ont fait un drôle de boulot !
A coté de la route il y a des macchabées, dont un les tripes en l’air.
Partons à 5 heure et restons un bon moment dans une coupure formidable, nous avons eu chaud.
Le 4ème nous sort de là. Nous rejoignons enfin.
Vers l’après-midi, nous avons un sérieux accrochage par des viets déguisés en femmes. Pendant que nous les allumons à la 50, les 'portés les contournent et les bousillent.
Résultat, 5 macchabées sur le bord de la route.
Le soir nous arrivons à Ngan-Son. Nous y passons la nuit.
Partons à une heure du matin.
Croisons un G.M.C. de 'portés qui s’est renversé dans le fossé (un mort, 6 blessés).
Arrivons à Nafac vers 11H.
Nous repartons vers Cao Bang par la grande route, via Nguyên-Binh, nous croisons un macchabée.
Nous sommes arrêtés avant le col de Léa par un pont sauté.
Pendant dix minutes on nous tire dessus mais tout est bientôt terminé on les allume à la 30 et à la 50.
Nous partons vers 6H. faisons 5 Km. et de nouveau arrêt ! Pont sauté, nous en avons pour 24H.
Nous arrivons à une jolie villa Beau site, nous chassons les buffles.
Du 7 octobre au 21 novembre, l'Opération Léa était lancée entre Cao-Bang et Cho-Moï pour couper la route de ravitaillement du vietminh par la Chine au Nord-Tonkin.
L'objectif consistait en même temps à détruire le réduit national vietminh et de se saisir d'Ho Chi Minh et de son gouvernement.
Les parachutages sur Bac-Kan, Cao-Bang et Cho-Moï, font subir des pertes sévères au vietminh, mais Ho Chi Minh réussit à s'échapper. [Opération Léa]
Le 7 octobre, alors que les premières vagues de parachutages se déroulaient, le Catalina qui assurait les transmissions, annonça la capture d'Hô Chi Minh :
Opération Bac Kan parfaitement réussie, tenons le gouvernement Ho Chi Minh, à 11h35, demande de cesser la guerre.
Le lendemain, le même radio signala que Bac Kan demandait des renforts. 180 parachutistes du bataillon Fossey-François sont alors déroutés à tort.
Tous les messages transmis étaient faux. L'enquête conclut au dérèglement mental du radio. [Opération Léa]
Lundi 13 : "Nous quittons Rachan à 10 h., arrivons à Thât-Khe le soir..."
Mardi 14 : "Les parachutistes ont fait un drôle de boulot! A coté de la route il y a des macchabées, dont un les tripes en l’air."
17 octobre : "Croisons un G.M.C. de 'portés qui s’est renversé dans le fossé (un mort, 6 blessés)"
