LOUIS–FERDINAND CÉLINE

L'ÉCOLE DES CADAVRES

Toute la Terre en Tchécoslovaquie

appartient aux usuriers juifs

et pas du tout aux paysans qui la travaillent.

Déclaration de Lord Winterton, M. P.

à la Chambre des Communes, le 11 mai 1934.

À

JULIEN

"L'APOSTAT"

1938, Éditions Denoël, 179 p.

Céline démissionne du dispensaire de Clichy et, en 1938, compose un nouveau pamphlet pacifiste et antisémite, L'École Des Cadavres.

" Une verve emportée et un ton magnifique qui décourage les imitateurs, des pages bourrées de substance, éclatantes et lucides, assénées, virulentes, définitives. "

" L'École des Cadavres, c'était l'application à la France de la théorie du juif. Si jamais il y eu livre prophétique, ce fut bien celui là. Tout y est dit, tout y est nommé, prévu, écrit, annoncé dans les termes les plus clairs."

" C'était le grand cri d'alarme, le ‟ hola ˮ terrible qui aurait du arrêter tous les français sur la pente de la guerre. Il ne fut entendu que par les juifs. Et, vivement, le gouvernement fit une loi pour la protection des juifs. "

" Et l'on (…) migeota à Céline (…) un procès en correctionnelle. Et comme de bien entendu, [il fut] condamné. Bagatelles et L'École étaient interdits." (Denoël, le cahier jaune, 1 nov. 41)

L'écrivain est unanimement rejeté par ceux qui avaient encensé le Voyage. En mai 1939, le décret Marchandeau oblige l'éditeur à retirer de la vente ces deux pamphlets. (wiki)

" Quelques mois plus tard, la guerre éclatait... "

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— Mais alors ça va pas finir ?

— Ils peuvent pas rester tranquilles vos Sudètes du tonnerre de Dieu ! Ils vont nous emmerder longtemps ?

— Ils aiment pas les Tchèques.

— Qui c'est ça les Tchèques ?

— C'est des militaires, c'est les gardes-mobiles des Juifs en Europe centrale, des Loges

— Ah ! Et puis après ? Ça les gêne ?

— Oui ça les gêne…

— Tiens ! Tiens, ils préfèrent Gœring alors vos Sudètes ?...

— Ils aiment pas les Juifs ?

— Pas du tout !

— Pas du tout ! Ils aimeraient mieux Mussolini. Ils aimeraient mieux Franco… Ils aimeraient mieux le diable… Ils aimeraient mieux le Mikado, ils aimeraient mieux n'importequoi, mais pas les Juifs

— Mais dites donc, c'est des vrais infects, vos Sudètes ! ils ont des goûts de Boches, vos Sudètes !... C'est des véritables fascistes que vous me racontez là ! Des espèces de racistes aryens ! Mais ça me fout dans les colères ! Je me connais plus de vous écouter ! Chers petits Juifs !

— Quand j'y pense ! Des antisémites encore ! Des sectaires atroces ! Des préjugeurs rétrogrades ! Des vraies brutes persécutrices vos Sudètes ! C'est des cromagnons gammés ! des scalpeurs ! des véritables vampires ! des souilleurs de l'Europe entière vos Sudètes ! Ah ! Il est temps qu'on les corrige ! C'est triste que ça existe encore des primates vicieux semblables ! Ah ! il est grand temps qu'on les dresse ! Vos Sudètes ! Peaux de choléra ! Que ça finisse ! Qu'on les rende un peu démocrates ! habitables ! vos Sudètes ! Ouverts tout à fait comme ici aux grands progrès libéraux ! Aux grands courants de la pensée affranchissante ! Merde !

— Ah ! Vous avez bien raison !

— Ah ! Je vous le fais pas dire !

— Mais vous la tenez la formule !... Mais c'est la conception sublime ! Quelle tâche exaltante ! Quelle œuvre pour notre époque ! Quel programme mirobolissime pour tous nos Orients ! Vous me bouleversez ! Vous m'émouvez au possible !

— C'est normal !

— Vous m'avez séduit, délivré du doute !... Je suis à vous !... Je vous aspire !... Je vous bois !...

— Alors à l'action ! Qu'on me déporte tous ces gens-là ! Sudètes maléfiques ! Complicateurs ! rechigneux ! rebelleux ! Têtes de lard ! Qu'on me les transporte tous par ici !

Tous en France ! J'ai dit ! Nous avons de la place ici ! Nous avons toujours de la place ! Nous sommes pas des racistes nous autres !... C'est par là qu'on est supérieurs… Nous aurons toujours de la place !...

De plus en plus de places !... Grâce aux trous de la guerre !... Et guerre à la guerre ! Nom de foutre ! Et Mort aux tyrans ! Dans six mois tous ces coriaces auront perdu leur barbarie !

Vous les reconnaîtrez plus ! Pacifiés, confusionnés, empaquetés à ravir, vos Sudètes ! on les reconnaîtra jamais ! enjuivés si guillerettement ! d'entre tous nos semi-Lévys, quarts de Moïse, para-néo-pluri Mendès ! C'est ça le miracle de Paris ! C'est le charme enculagaillant !...

La sorcellerie d'exquis intrait de youtrissime envoûterie… Trois gouttes, trois mots, trois mois suffisent… Six mois c'est un maximum pour qu'ils redeviennent des gens normaux, vos Sudètes ! des vrais Aryens démocratiques !

Dans six mois ils seront rambinés, sémitisés, tout gonflés de telle manière vos Sudètes que ça sera plus rien du tout de les faire crever tant qu'on voudra pour Litvinov, pour Jouhaux, pour Nathan, pour Dimitroff, pour le Comitern, la Blum au fusil ! Ça sera devenu même leur vrai plaisir, la plus pâmoisante récompense !

— Vivement ! Vivement qu'on les amène !

— Ah ! Comme j'ai confiance dans Baris ! Le charme de la capitale ! Le si délicieux sortilège ! Le miracle des Champs-Élysées ! Des Galeries Toutalévy ! Ah ! Vous me rendez le souffle ! La passion vaillante !...

— Attendez ! Attendez ! ce n'est encore rien ! Attendez que je vous lise ce que j'écris ! en ce moment, à propos de patriotisme, à ce paltoquet qui m'insulte !

— Ah !

— Hein ?

— Oh ! Oh ! Oh ! Oh !

— Là ! Là !

— Ah ! Ah ! Ah !

Au temps où tout le monde comprenait les revendications des Sudètes… La Commission permanente internationale des partis travaillistes et socialistes :

« Nous nous refusons à reconnaître le droit de pays étrangers à établir leur souveraineté sur des districts allemands homogènes qui forment une unité géographique. »

Résolution du 26 avril 1919. Le Comité d'action internationale des partis travaillistes et socialistes :

« Les populations ne doivent pas être transférées d'un État à un autre tant qu'elles n'ont pas été consultées sur leur volonté. »

Manifeste du 11 mai 1919. Le Ve congrès de l'Internationale Communiste réuni le 8 juin 1923 au Kremlin. Motion adoptée :

« Le Congrès constate qu'il n'y a pas une nation tchécoslovaque, l'État tchécoslovaque, outre la nationalité tchèque, comprend des Slovaques, des Allemands, des Hongrois, des Ukrainiens et des Polonais.

Le Congrès estime nécessaire que le parti communiste en Tchécoslovaquie, en ce qui concerne les minorités nationales, proclame et mette en pratique le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, jusque et y compris celui de se séparer. »

La Tchécoslovaquie est née à Paris, sous la bonne étoile maçonnique.

« Je recherchai et je cultivai ensuite, jusqu'à la fin de la guerre, pour des motifs de propagande, des relations avec trois facteurs importants : la Franc-Maçonnerie, la Ligue des Droits de l'Homme et le Parti Socialiste français…

L'accès des milieux francs-maçons me fut ouvert par certains de nos compatriotes de Paris et les membres yougoslaves des Loges ; j'eus l'occasion de donner des causeries dans quelques-unes sur notre cause et d'y gagner ainsi les milieux francs-maçons de Paris. »

(Souvenirs de guerre et de Révolution du juif Édouard Bénès, page 172).

Où est le mal ? s'étonne le Crapouillot, l'innocence faite magazine.

Évidemment, où est le mal ?