Le petit bourgeois ce qui le tracasse, le coagule, le chiffonne énormément c'est la destruction des rentes, la fonte des économies, il peut pas s'y faire, ça le dépasse. Ça le démoralise.
C'est trop d'escroqueries coup sur coup. Qu'à cela ne tienne ?
Toutes les concessions doctrinales pourvu que Petit Bourgeois laisse pas tomber l'armée française, reprenne sa place aux effectifs, qu'il bondisse à la gare de l'Est, qu'il saute sur les marche-pieds aux premiers roulements du tambour, qu'il fournisse, encore une fois, les cadres à la pipe !
Voilà l'essentiel ! Les Cadres !
La très impérieuse condition du prochain tabac ! Les Cadres ! C'est tout bourgeois les petits cadres ! Gaffe ! Pas de divagueries ! Pas de dorages de pilules ! C'est tout cuit ! Impossible de mobiliser sans les petits cadres petits bourgeois !
C'est midi ! On irait jusqu'à rembourser à Petit Bourgeois l'Emprunt Russe pour qu'il retrouve sa vaillance, tout son cran, tout son moral avec ses coupons, son patriotisme exultant, toute sa combativité, sa joyeuse furia de 14 !
Petits Bourgeois ! En avant ! les Incomparables ! La partie vraiment sérieuse, essentielle de l'armée française, sans aucune substitution, suppléance possible, c'est la gradaille petite bourgeoise.
Tous les bacheliers dans la danse ! Sans les petits gradés bourgeois, sergents, serre-files, lieutenants, capitaines de réserve, l'Armée française existe plus.
La horde seulement, comme ça, toute seule, c'est la débraillerie qui commence, la foire aux Armées, le vertige de toute la canaille.
À la première anicroche ! Tatouille ! Catastrophe ! C'est pesé ! Ça se terminerait en huit jours. Les petits cadres ne se recrutent bien que dans la petite bourgeoisie, évolutions de masses impossibles, plus de raccrochage au terrain.
La ténacité, le ressort, la tête de cochon dans le malheur, la fierté du devoir accompli, le sens hargneux du sacrifice, toutes ces balancelles sinistres sont des vertus petites-bourgoises, très proches parentes traditionnelles du "très bien savoir se priver", du "jamais rien prendre à crédit", de la "prévoyance du lendemain", de la "féroce économie", de "l'existence pauvre mais honnête", du "rien demander à personne", du "honneur à ses affaires".
Ces dignités cafardeuses font merveilles sur les champs de batailles. Elles valent à l'armée française ses extraordinaires petits cadres, admirablement sérieux, valeureux, de bravoure tranquille, sans limites, infiniment prévoyants de toutes les embûches, inlassablement redresseurs de toutes les situations, les plus précaires, les plus effroyables, jamais défaillants, jamais déprimés, jamais vautrés, jamais saouls, jamais exigeants pour eux-mêmes, jamais gaspilleurs, d'hommes ni de mots, toujours regardants, toujours soupçonneux des démonstrations coûteuses, pas spectaculaires pour un rond, petits gradés parfaitement responsables, jamais gaspilleurs de rien, ni d'un chargeur, ni d'une gamelle, ni d'un homme, anti-prodigues, seulement généreux de leur propre sang et jusqu'à la dernière goutte et pour les autres, pour leur escouade, leur unité.
Toujours les premiers à la pipe, sans arrière-pensée de gloriole ou de récompense. Citations et médailles peuvent pas beaucoup les régaler vu leurs dispositions jalouses, hargneuses, dénigrantes.
Ils se trouvent mieux dans le devoir tout sec. Les honneurs pour autrui les vexent, les honneurs pour eux-mêmes les gênent.
Petits Bourgeois de la sorte, si crasseux, si rebutants, si dégueulasses, si peu lyriques en temps de paix deviennent facilement à la guerre des drôles de héros formidables, martyrs extrêmement susceptibles qui ne demandent rien à personne et calanchent comme ils ont vécu, dans la haine des témoignages et des appréciations flatteuses.
Vous pensez bien que les Juifs sont parfaitement au courant de ces qualités petites-bourgeoises si authentiquement guerrières, si parfaitement combattantes.
Y a pas de bassesses qu'ils ne fassent en ce moment pour envelopper Petit-Bourgeois, pour qu'il boude pas à la Croisade, qu'il laisse pas tomber ses galons.
C'est pas les cohortes ouvrières rugissantes de bourdes conasses, perdues en pitanche, pourries de slogans marxistes, absolument hébétées, larbinisées, vachardisées par les jérémiades revendicatrices, qui vont comme ça, du jour au lendemain, relever les petits-bourgeois dans les petits cadres ! Clopinettes ! Prolo a pas le sens du devoir, il faut que le boulot le conduise, sans pointeau il existe pas.
Sans la gradaille bourgeoise au cul, tout seul, c'est plus qu'un Robot jouisseur, un anarchiste fade. C'est la petite bourgeoisie, en France, qu'est la classe sérieuse, pas mystique, mais consciencieuse.
Le peuple il est rien du tout, que de la gueule et du moindre effort. C'est la petite bourgeoisie qu'a l'habitude de se priver, de se refuser tout plaisir, de mêmejamais rien désirer d'agréable, de prévoir toujours les pires catastrophes et toujours en définitive de se trouver marron, encore responsable.
C'est pas le peuple. Voilà l'entraînement à la guerre 100 pour 100 ! Incomparable ! L'État-Major il est pas fou, il se rend bien compte que, sans les petits cadres petits-bourgeois les pommes sont cuites.
D'abord les gradés ouvriers jouissent d'aucun prestige sur le peuple. Pas de bachot, pas de prestige ! Le peuple, dans les circonstances graves, il veut avoir des cadres bourgeois, des bacheliers.
L'ouvriérisme c'est pour la gueule, pour les élections, pour les chorales, pour l'Humanité, pour le Théâtre, c'est pas pour les moments tragiques.
Pas plus qu'un médecin né du peupleça fera jamais un vrai médecin pour les ouvriers. Ça n'existe pas. Qu'ils reprennent donc tout de suite leur autorité sur le trèpe les petits bourgeois ! Et que ça saute ! Et que ça fulmine ! le Salut de la Patrie l'exige ! Avant tout ! qu'ils empaquettent tout ce bétail ! qu'ils emmènent tout ça dégueuler dans l'Est leurs cent mille sottises, toute leur tripaille de cocus, dans les bourbiers Maginot, dans la folle farandole Marseillaise Internationale ! Sous les torrents d'ypérite !
La situation rétablie ! Les hiérarchies retrouvées ! restaurées, les choses redevenues normales ! Très bien ! Parfait ! Soupirs ! Ah ! Les affranchmanes ! Les insatiables de justice ! On va vous servir ! Les Lions de cellule ! Attendez mes turlupins ! Vous allez jouir ! On vous estime à vos valeurs en très haut lieu ! On vous prépare des fins d'artistes ! Des révélations mirifiques sur vos authentiques natures ! Bougez pas ! Des reluisances impériales ! Le Bastard, fils de Céleste ! Mérotte Alphonse ! Laridon Paul ! Portu Joseph Marmadou Louis ! Sengoux François ! tous répartis bien en guirlande autour du lieutenant Verlet Jules, licencié en Droit.
Ça va, Madame la Marquise, très bien !
Des agonies pas banales ! vous finirez en vraies dentelles ! Plein les barbelés ! Vous finirez transparents, frémissants aux moindres rafales, ondoyants aux bouffées d'obus.
Quels trépas ! Héros des viandes rouges ! Limés, repassés, fondus, lustrés, empesés, mousselinés par les tanks, vaporeuses résilles ardentes, oriflammes d'or et de sang. Vous entrerez dans l'Histoire, drapeaux tout vifs, tout "rouges internationaux" de tout le sang des goyes, classes unies.
Jéroboam Pelliculman viendra vous prendre en photos, comme ça, merveilleux, suspendus, pour les "Regards de la Victoire", le super-youtro-périodique, l'hyper-prodigieux illustré de la ferveur Croisadière. Le nouvel organe "jusqu'au bout" du parti central communiste. Vous enflammerez les "morals" rien que par la vue de vos carnes, décomposées, dansantes dans les brises.
Rachel Madelon, Max Préput, chanteront vos trépas sublimes aux A.B.C… Alors ça vous dit rien, figures ? Vous êtes pas émoustillés ? On vous prépare toute la gloire, vous avez plus qu'à rejoindre…
Merde ! Rien vous suffit !
Saisissez-vous un peu les tendances ? Allons, maniez-vous ! D'abord votez bien patriote et même "Oignon national", le prochain coup, plutôt radical dans l'ensemble, aux élections 41 (si on vous laisse le temps) au commandement juif.
Les Anglais voteront plus à gauche, plus agressifs, anti-fascistes très exigeants. Une fois que vous serez partis, biffins, fleur au fusil, faire des prouesses dans les mitrailles, ils épauleront tous vos efforts, les Anglais, toutes vos vaillances, par l'aviation, la Navy.
Vous serez bien contents. Leurs Loges milliardaires et Royales prêteront tout leur concours au parfait service des Étapes.
Vous les retrouverez, les Anglais, aux bifurs, prestigieux et reposés. L'Angleterre c'est tout plein d'Élites, toujours prêtes à jouer les beaux rôles, élevés, distingués, officiels, les fonctions d'arbitre dans les corridas "jusqu'au bout".
Et la prochaine sera fadée. Ce sera une merveille de rendement, d'organisation. Remarquez déjà la classe du grand travail préparatoire.
Vous ne faites rien, ne décidez rien, Français, ouvriers, bourgeois. Vous ne pensez rien, vous ne savez rien, vous ne votez rien, vous ne hurlez rien, qui n'ait été ordonné, manigancé, mijoté, ourdi pour votre gouverne, des années, des années d'avance par l'Intelligence Service.
N'est-ce pas splendide ?
Votre destin est en fiches à "White-Hall". Vous serez expédiés, wagonnés, retranchés, éclatés, émiettés à l'heure W.-H. pour la jubilation des Banques, des Rabbins, du Komintern, de la Grande famille ?
Tout cela est écrit, inscrit, répertorié, prévu, dans les plus infimes détails avec les poids, les qualités, les nervosités, les convictions de toutes les viandes, de toutes les provenances, pour chaque pays, chaque province, chaque bataillon.
Vous n'existez plus, vous n'êtes déjà plus que des souvenirs. Vous n'en savez rien !
Ça c'est prestidigitateur !