LOUIS–FERDINAND CÉLINE

L'ÉCOLE DES CADAVRES

Non, il n'est pas possible aux chrétiens

de participer à l'antisémitisme.

Nous reconnaissons à quiconque le droit de

défendre ce qui menace ses intérêts légitimes.

Mais l'antisémitismeest inadmissible.

Nous sommes, spirituellement, des sémites.

Le Saint-Père.

le Temps, 20 septembre 1938.

À

JULIEN

"L'APOSTAT"

1938, Éditions Denoël, 179 p.

Céline démissionne du dispensaire de Clichy et, en 1938, compose un nouveau pamphlet pacifiste et antisémite, L'École Des Cadavres.

" Une verve emportée et un ton magnifique qui décourage les imitateurs, des pages bourrées de substance, éclatantes et lucides, assénées, virulentes, définitives. "

" L'École des Cadavres, c'était l'application à la France de la théorie du juif. Si jamais il y eu livre prophétique, ce fut bien celui là. Tout y est dit, tout y est nommé, prévu, écrit, annoncé dans les termes les plus clairs."

" C'était le grand cri d'alarme, le ‟ hola ˮ terrible qui aurait du arrêter tous les français sur la pente de la guerre. Il ne fut entendu que par les juifs. Et, vivement, le gouvernement fit une loi pour la protection des juifs. "

" Et l'on (…) migeota à Céline (…) un procès en correctionnelle. Et comme de bien entendu, [il fut] condamné. Bagatelles et L'École étaient interdits." (Denoël, le cahier jaune, 1 nov. 41)

L'écrivain est unanimement rejeté par ceux qui avaient encensé le Voyage. En mai 1939, le décret Marchandeau oblige l'éditeur à retirer de la vente ces deux pamphlets. (wiki)

" Quelques mois plus tard, la guerre éclatait... "

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Israël geôlier priapique, bluffeur, gaffeur, tyran périlleux, bourrique, frelon turlupiné, nous en veut d'une de ces haines pas concevables, pas imaginables.

C'est comme de certains oiseaux, on entend jamais leurs appels parce qu'ils sifflent beaucoup trop haut, trop aigu, trop strident pour nos oreilles. Ça nous surpasse l'auditif.

Le Juif c'est pareil dans un sens, il brûle de beaucoup trop de haine pour notre entendement. Ça nous fatigue rien que d'y penser. Lui pas…

À la rigueur, sa figure devrait peut-être nous prévenir, sa gueule visqueuse, ses regards de pieuvre. Mais on le dévisage pas beaucoup. On évite. On regarde ailleurs. Milliardaire toujours grelottant, Israël triomphant maudit, est pas content de nos présences, il nous trouve des vraies insultes, rien que d'exister, avec nos manières trop blanches.

Il en sursaute du chromosome, rien que de nous voir aller, venir… Il peut pardonner qu'à nos femmes et encore à condition qu'il les encule de plus en plus, qu'elles arrêtent pas de le sucer. Mais pour nous, les mâles, c'est midi, jamais de pardon.

Une de ces haines il nous voue, d'obsédé, de bâtard, d'hybride, inexpiable, irrévocable, infinie. Le perpétuel rongeant délire. Une haine cosmique, à cause de ce chromosome, de ce quart de chromosome loupé, teinté, maléfique, tiraillé, tordu.

Israël nous pardonnerait peut-être, en l'en suppliant, au bout du compte, toutes nos insolences, mais pas ce quart de chromosome. Ce millième d'onde de tiffe crêpu. Ça jamais.

S'il a fallu des flots de parfums d'Arabie pour effacer quelques traces d'un pauvre forfait crapuleux, que Madame Macbeth était bien ennuyée, ça sera pas trop à présent de plusieurs guerres, de tout notre sang pour effacer quelques taches sur les chromosomes d'Israël.

Hitler n'a pas fait que souffler aux Juifs leur vertigineux, mirobolant, programme dit marxiste (d'Engels en réalité, volé par Marx).

Il les a encore doublés sur la question du Racisme. Comment ? Comment ? Insolence ! Horreur ! L'Aryen, cette nature de beurre, si docile, infiniment plastique, toujours en tout temps soumis aux volontés Juives, que le couteau juif tritouille, barbouille, écrabouille, tartine de toute éternité, la denrée parfaite du commerce, par excellence, pour tous les trafics de guerre et de paix, que n'importe quel youtre chiasseux, tranche, débite, spécule, troque, mijote, avilit, merdifie tout à loisir, le voilà qui se prend en masse à présent, d'un coup ! rebiffe ! soudain ! La rébellion du beurre !

L'insurrection des éternels écrémés ! Cela ne s'était jamais vu ! entendu, soupçonné possible, jamais ! Le beurre aryen qui tourne raciste, coriace, hostile, intraitable, nazi ! Ah l'immondice ! Jamais depuis Tibère, Israël n'avait subi tel affront, enduré défi plus atroce.

Avant la venue d'Hitler, les Juifs trouvaient ça très normal les méthodes racistes. Ils se faisaient pas faute eux-mêmes d'être racistes, largement, effrontément, frauduleusement.

À ce propos pas plus de race sémite que de beurre dans les nuages. Mais une franc-maçonnerie d'hybrides bien sournois, bien parasites, bien révolutionnaires, bien destructeurs, bien haineux, bien dégueulasses.

La religion judaïque est une religion raciste, ou pour mieux dire un fanatisme méticuleux, méthodique, anti-aryen, pseudo-raciste. Dès que le racisme ne fonctionne plus à sens unique, c'est-à-dire dans le sens juif, au bénéfice des Juifs, toute la juiverie instantanément se dresse, monte au pétard, jette feux et flammes, déclare le truc abominable, exorbitant, très criminel.

Le racisme n'est plus alors qu'un effroyable dégueulasse subterfuge crapuleux pour détrousser les Juifs, un charabia de préjugés rétrogrades, puants, le vestiaire, l'affreuse friperie du capitalisme aux abois, le refuge des anti-humains qu'il convient de pétroler immédiatement, de réduire en cendres tout de suite.

Une diablerie sinistre. Le sort, l'avenir, la sauvegarde du monde dépendent de la célérité de cette opération. Par la foi des anti-racistes ! Le bûcher ! Raciste égale Sorcier ! Le racisme aryen ?

Pouah ! Quel scandale !

Qui avait jamais entendu parler d'une si extravagante pitrerie ? Quelle régression ! Quelle négation de tous nos progrès moraux, sociaux, si douloureusement acquis par l'élite si maçonnique de nos philosophes à travers les siècles !

Et les Droits de l'Homme piétinés ? Et tous les usages agréés ? (Juifs bouffent Aryens). Et les cinquante siècles d'enculeries éperdues d'indigènes ? Et les cent mille traditions convenables ?

Quelle peste à nos portes ! Brune ! Jaune ! Verte ! Violette ! Spumeuse !

Pfoui ! Les obscènes déments !

Qu'on les enferme ! Qu'on les fricasse ! Qu'on les branche ! Qu'on les fouette tous jusqu'à l'os ! Que ça gicle ! Que ça éclabousse ! Ah ! vous allez me la respecter l'Apostellerie judaïque !

Merde ! La plus tendre des entreprises de rénovation des humains par exhortations persuasives !

Saloperies râleuses ! Vous les adorer pas encore vos philosophes ? vos juifs ? vos anges ?

Il est temps ! Il est moins cinq ! Vous allez pas tout de suite les plaindre, Nom de Dieu ! vos bourreaux chéris ! Foutre racaille ! Avant qu'ils vous fassent crever ?

Ah ! Que voilà des bonnes paroles ! bien claires, bien simples, bien émouvantes ! Qui vous vont directes droit au cœur !

C'est donc une témérité folle d'oser un beau matin comme ça annoncer aux Juifs en pleine face :

« Salomon ! Renonce ! Ça ne va plus ! Je ne veux plus guerroyer pour ta gueule ! c'est fini !

La mère des héros vient de mourir ! Ne t'évertue ! Ne plus ! Ne traficote !

Balpeau ! Marre ! Tes crosses tu peux te les foutre au train !

Celles d'Hitler et puis toutes les autres ! T'es con ! T'es trop vicieux ! Tu pues ! Tu complotes ! Tu me navres !

Décampe ! Si dans huit jours t'es pas trissé, ça va être ta désinfection ! »

Mais les gens polis que nous sommes, mais les obligeantes personnes ne parlent pas de cette façon. Elles s'expliquent rhétoriquement, elles comprennent tous les arguments de la casuistique, elles connaissent les trois cents façons, les afféteries particulières pour se faire plus, mieux enculer.

Elles n'y manquent jamais, de plus en plus courtoisement, à tous les détours de la dialectique. Le grand flux démocratique, le grand dégueulis salivataire les a parfaitement amollies de l'âme et du pot.

Ça rentre maintenant vraiment tout seul. Et plus ils sont énormes les cruels ! nombreux ! exigeants ! plus on les adore. Dans l'ivresse on ne sait même plus lequel des bourreurs l'on préfère ? Juifs de Hongrie ? Maçons de Pesth ? Askenazimes de Cracovie ? Nervis du Levant ? Marranes de Lisbonne ?

Tartares ? Kirghizes ? Huns ? Hottentots ?

Ça serait encore à discuter. On s'en fait foutre à pleins ghettos. Jamais trop. D'Évian, on nous a promis encore cinq cent mille, en plus des deux millions que nous possédons déjà.

Ça devient une reluisance divine. C'est plus de l'endosse c'est du génie… Au temps où Ricord enseignait vers 1850, on observait encore dans la clientèle d'hôpital, des syphilis tout à fait somptueuses, des tertiaires mutilantes magnifiques, tous les délabrements de la grande affection.

Des vrais spectacles d'amphithéâtre. Voilà l'histoire que l'on raconte à propos de la grande vérole. Ricord se trouvait en clinique, certain jour devant un malade tout particulièrement fadé, sphacélé, délabré de partout, rongé, des bourses, du scrotum. En pleine gangrène.

Il lui demande un peu pour voir de sauter, de rebondir, sur place comme ça… Là ! Saute ! Saute mon ami ! Saute encore ! Encore ! Écarte les jambes ! À force de sauter, tout se décroche, tout le paquet, secoué, trop secoué, arraché, tombe à terre.

C'est tout pareil pour les nations quand elles deviennent trop pourries. C'est les Juifs qui les font sauter, sursauter, rebondir encore. Jusqu'au délabrement suprême. Tout s'arrache alors, tout se décroche, on balaye. C'est terminé.